Hétéro, Etienne a 40 ans lorsqu’il prend conscience de la récurrence d’un de ses fantasmes : avoir une première expérience homo.

Piégé entre son envie et son appréhension, il raconte cette première expérience homo avec une sensualité touchante.

Etienne, 40 ans : ma première expérience homo

Je me suis toujours senti hétéro. J’aime les femmes, leurs corps m’attirent, leur regard me déstabilise, le contact avec leur peau me fait frémir. Je n’ai jamais ressenti d’ambiguïté à ce propos. Je suis heureux dans ma vie sentimentale, épanouie dans ma vie sexuelle, à l’aise avec mon corps et dans mes rapports aux autres. Et rien n’a vraiment changé aujourd’hui. Les choses ne sont pourtant pas si simples.

Il y a quelques mois, un fantasme a fait son apparition dans mon esprit : celui de tester une expérience homo, de connaitre le plaisir sexuel avec un homme. Je ne sais pas comment il est arrivé là mais il s’est installé et a fait son chemin. Simple idée fugace, ce fantasme s’est peu à peu transformé en désir récurrent jusqu’à l’envie affirmée de le réaliser.

« Je voulais connaitre le plaisir sexuel avec un homme »

Père de deux enfants, séparé de leur mère depuis plusieurs mois, je papillonnais alors de relations plus ou moins longues en rencontres plus ou moins épanouissantes. Sans autre objectif que celui de me laisser porter par les vents façon Carpe Diem, une démarche certes convenue mais totalement assumée.

Mon inscription sur deux sites de rencontres me permettait de rencontrer épisodiquement quelques femmes, au gré de recherches filtrées. Et puis un jour, je me suis dit « pourquoi pas » : sur Tinder, j’ai passé ma recherche d’ « hommes cherchent femmes » à « hommes cherchent hommes ». Par curiosité, mais pas seulement. Au fond de moi, je voulais vive cette première expérience homo.

J’ai swipé de profil en profil en mode sous-marin pendant longtemps, découvrant au gré des bio des utilisateurs des codes qui m’étaient finalement assez étrangers, entre romantisme bear et décomplexion assumée. Jusqu’aux premiers contacts.

C’est là que j’ai découvert que je n’étais pas le seul hétéro à cultiver ce fantasme homosexuel plus ou moins assumé. Et que mon attente résonnait comme une banalité, presque soûlante pour des homos qui – je le comprend – n’ont aucune envie d’être réduit à de simples expériences ponctuelles pour hétéros en quête d’exotisme érotique. Bref, chaque fois que je découvrais mes intentions, je me faisais gentiment éconduire.

Pas franchement décidé à mentir pour arriver à mes fins ni à persévérer coûte que coûte, j’allais revenir dans le droit chemin de mon hétérosexualité lorsque Tinder a mis Sébastien sur ma route virtuelle.

« Tinder a mis Sébastien sur ma route virtuelle »

Un, puis deux, trois, quatre messages… nous échangions avec une facilité déconcertante. Il me parlait de sa vie sentimentale décevante, de son sentiment d’isolement dans une société finalement très hétéronormée, de son travail, de sa solitude aussi. Marre des coups d’un soir, Sébastien cherchait la jolie rencontre, celle qui allait enfin le rendre amoureux. Bref, son aspiration était à mille lieux de la mienne. Il m’a donné quelques conseils, m’a invité à m’inscrire sur Grindr – une appli plus en phase avec ma recherche selon lui – sans mettre un terme définitif à notre conversation. Et puis un jour, il a dit : « ok, on va boire un verre si tu veux. »

4 jours séparaient sa proposition de notre première rencontre. 4 jours pendant lesquels j’ai eu l’occasion de vivre de grand moment de… débandade : et si mon envie ne relevait juste que du rêve érotique, celui qui fait fantasmer tant qu’on ne le réalise pas ? Et si je m’étais trompé ? Et puis, comment je vais m’y prendre ? Qu’est-ce qu’il va faire ? Est-ce vraiment ce dont j’ai envie ? Vais-je avoir envie de l’embrasser ? De le toucher ? Comment je vais réagir quand je vais me retrouver devant son corps d’homme nu ? J’avoue, je n’ai pas beaucoup dormi pendant ces 4 jours. J’ai même failli annuler notre rencard mille fois. J’ai croisé les doigts pour qu’une tempête s’abatte sur la ville et empêche notre rencontre. Et puis finalement, j’y suis allé. Les mains moites et mon assurance naturelle en négatif, mais j’y suis allé.

« J’y suis allé. Les mains moites et mon assurance naturelle en négatif »

Attablé à la terrasse du café où nous nous étions donné rendez-vous, Sébastien a immédiatement remarqué mon malaise. J’ai même cru que mon attitude allait le faire fuir. Parce que franchement, je ne donnais pas envie. Mais il s’est accroché. 

J’étais heureux de faire sa connaissance IRL, et lui aussi je crois. Nos discussions étaient légères, fluides, comme le laissaient pressentir celles que nous avions entamées sur Tinder. Son chat, ses amours, mes enfants, mon ex, nos boulots, ma passion pour les voyages et la sienne pour la lecture, sa première sodomie à l’université, ma première copine au collège, son gout pour la fellation et la cuisine, ce qu’il m’est passé par la tête le jour où ma recherche Tinder a basculé. On a parlé, rit et parlé encore une bonne partie de la soirée, enchainant les tournées à un rythme modéré mais suffisamment désinhibiteur. Jusqu’à ce qu’il m’invite à poursuivre nos échanges chez lui, à quelques pas.

Au fond de moi, je savais ce que ça voulait dire. Et la boule au ventre – qui avait fini par disparaitre au fur et à mesure de la soirée – revint comme un boulet de canon me tordre l’estomac. Stress ou pas, je n’allais quand même pas faire machine arrière maintenant.

Quand je suis en stress, il faut que je prenne les choses en main. Ça me rassure. Alors qu’il préparait deux mojitos au comptoir de sa cuisine, je me suis approché discrètement de lui, collant ma poitrine contre son dos pour poser mes lèvres sur son cou. Le sentir se laisser aller me rassura suffisamment pour que je laisse glisser ma main sur son torse, ses hanches, son ventre à la découverte de son corps, sculpté sans excès mais avec un soin évident que je ne cultivais pas. Il frémissait pendant que je retirais un à un les boutons de sa chemise. C’est ce moment-là que j’ai choisi pour égarer ma main entre ses jambes. Il fallait que je sente son sexe dur pour me rassurer. Ce premier contact déclencha un sentiment d’excitation très fort, alors que je redoublais mes baisers dans son cou pour le faire vaciller.

« Il fallait que je sente son sexe dur pour me rassurer »

Après quelques secondes, il finit par se retourner, plantant ses yeux dans les miens. Il voulait percer mon émotion du moment, je le sentais. Et alors que la situation allait à nouveau me mettre mal à l’aise, il approcha ses lèvres des miennes pour glisser sa langue dans ma bouche. Putain, j’étais en train d’emballer un mec et c’était… terriblement bon.

Très vite, nous nous retrouvâmes tous les deux presque nu. On ne portait plus qu’un boxer qui ne cachait plus rien de l’excitation qui grandissait en chacun de nous. Je ne pouvais m’empêcher de parcourir tout son corps de mes mains, la courbe de sa nuque, son dos discrètement musclé, ses hanches étroites particulièrement sensibles à mes caresses, ses fesses élégamment rebondies.

Nos corps étaient de plus en plus collés l’un à l’autre. Pendant qu’il m’embrassait le cou, je pouvais presque sentir les battements de son cœur contre ma poitrine. Et le contact de son sexe contre le mien me rendait dingue. Je n’avais plus qu’une envie : le porter à ma bouche. Ce que je fis presque sans détour. Tout au plus une pointe d’appréhension. Mais après tout, n’étais-je pas en train de vivre ce fantasme qui occupait mon esprit depuis de si longs mois ? Je n’allais pas me débiner maintenant.

« Nous avons passé le reste de la nuit ensemble »

Laisser courir ma langue le long de son membre fait partie des moments je n’oublierai pas. Après plusieurs allers-retours langoureux, j’effleurais son gland avec mes lèvres pendant que je lui taquinais les bourses et saisissais ses testicules. Les frôlements de mes doigts sur son sexe le faisaient tressaillir.  Ses mains posées sur ma tête, il glissa deux doigts dans ma bouche avant de la diriger calmement mais fermement vers son gland. Je laissais alors coulisser mes lèvres de bas en haut et mes mains s’égarer, ses gémissements donnant le tempo.

Je ne pensais pas que j’irai jusque-là. Mais je l’ai laissé faire. Complètement rassuré, décomplexé par son attitude et la situation. Le sentir se contracter une dernière fois alors que je serrais son sexe dans ma bouche m’a donné plus de plaisir que je ne l’aurais imaginé.

Nous avons passé le reste de la nuit ensemble. Lui me faisant découvrir des plaisirs que je ne soupçonnais pas. Moi me laissant aller librement au rythme de ses caresses et de ses baisers. Même mon refus de me faire pénétrer ou de le pénétrer ne rompit pas le charme de cette nuit initiatique. Je ne me sentais pas encore prêt à passer cette étape, même si – désormais – plus rien n’était impossible. Première expérience homo : done !