Alice en a longtemps rêvé, jusqu’au jour où elle a pu passer le pas : tenter une première expérience bondage en découvrant le shibari.

Elle raconte son expérience et partage l’intensité des émotions qu’elle a pu ressentir.

Alice : le shibari ou le plaisir d’être attachée

Je me suis fait attacher en décembre 2009, au cours de l’unique édition du festival Les Féerotiques à Rennes, par l’une de mes amies. Marquée dans mon corps et dans mon cœur, j’en garde un souvenir absolument inoubliable.

Cela faisait quelques années déjà que j’étais fascinée par la pratique du bondage, et en particulier le fait d’être attachée par des cordes, le shibari ou kinbaku, en japonais. Était-ce dû à la passion des nœuds marins de mon Breton de père ? Ou à la pratique du macramé que ma mère m’avait enseigné ? Allez savoir… L’art d’être attaché était en moi.

Ma fascination pour le bondage et le shibari en particulier

Deux films japonais m’ont profondément marquée : Une femme à sacrifier (1974) et La vie secrète de Mme Yoshino (1976) du réalisateur Masaru Konuma avec l’actrice Naomi Tani. J’ai vu une longue interview de cette dernière en DVD, qui évoquait avant tout le côté esthétique du shibari et la performance physique, plutôt que l’érotisme, pourtant évident, qu’il en émane. Dès ce jour, j’ai voulu moi aussi vivre l’expérience d’être attachée avec des cordes.

En 2004, lors de la XIIe édition de l’Étrange Festival, à Paris, j’ai eu l’immense honneur de rencontrer le réalisateur Teruo Ishii, le maître des films de torture japonais. Après une boutade où il demandait s’il l’une des spectatrices voulait jouer dans son prochain film, j’ai levé la main… dans une salle comble ! Je ne me suis pas démontée et lui ai laissé mes coordonnées. Il ne m’a malheureusement jamais appelée, car il est décédé peu de temps après.

Cependant, mon envie d’être attachée était toujours bien ancrée en moi. L’occasion s’est présentée en 2009.

Mon stage de kinbaku au festival Les Féerotiques

Si j’avais mis tant de temps à réaliser ce rêve, c’est que je n’avais pas trouvé le « bondageur » idéal pour m’encorder. Il me fallait une personne en qui j’avais une confiance absolue. Elle s’est présentée sous les traits de la sublime M., une amie d’enfance. M. est une magnifique brune aux cheveux longs ondulés, la taille fine, le regard de braise et une bouche délicieuse à souhait.

Elle voulait apprendre à attacher, au cours d’un stage proposé dans le cadre des Féerotiques par l’un des Maîtres du kinbaku français, Dr Phil. J’ai bien sûr tout de suite accepté. Être attachée était un rêve, être attachée par une femme était au-delà de mes espérances ! Au cours de cette séance, je me suis entièrement abandonnée à elle. J’étais sa chose, elle faisait ce qu’elle voulait de moi.

Ce lâcher-prise, s’en remettre entièrement à l’autre, être soumise volontaire, n’opposer aucune résistance… m’apporte une immense satisfaction. Mon esprit, qui est d’ordinaire en constante ébullition, se repose, car il n’a plus à réfléchir, à être obligé de prendre des décisions. Il obéit docilement aux ordres et, dans le cadre du bondage, aux contraintes physiques imposées par le dominateur ou la dominatrice. Le corps est prisonnier, et le cerveau enfin libéré.

Mon attachement par (à) ma dominatrice

Sous la direction du Maître, M. m’a ligoté les mains, d’abord devant, telle une prisonnière qu’on mène devant le juge, puis dans le dos. Nue, ne portant qu’un minuscule string, ma poitrine s’exhibait alors, petite mais fière. Il me tardait qu’on vienne l’entraver de cordes. C’est l’une des figures du shibari qui m’excite le plus. De mes seins ainsi compressés, seuls les tétons pointaient, à la merci de M., que mon regard suppliait de venir les embrasser. Quel délicieux supplice… M. se contenta de les photographier.

On passa ensuite au « saucissonnage » des jambes (Dr Phil déteste ce terme, moi c’est exactement ce que cela m’évoque et cela me fait beaucoup rire !). Je ne pouvais définitivement plus bouger, plus me sauver. M. s’en amusait. Que dis-je… s’en délectait ! Elle était fière de son œuvre et voulait pousser l’attachement que l’on avait l’une envers l’autre encore plus loin. Je crois ne l’avoir jamais autant désirée qu’à cet instant.

Les figures devenaient de plus en plus complexes. Les cordes laissaient sur ma peau des traces aussi artistiques qu’éphémères, telles des esquisses de tatouages. Je fus suspendue – secret désir enfin assouvi – par le corps, puis, ultime supplice, par les cheveux, que je porte très longs. Étonnamment, alors que je l’espérais un petit peu quand même, jamais je n’ai eu mal. Entre les délicates mains de M., tout n’était que douceur.

Ce fut une expérience unique. Ensuite, ma vie a pris un autre chemin, parsemé de fantasmes divers et variés, dont certains ont été également réalisés. Peut-être vous raconterai-je un jour dans quelles circonstances j’ai pris un plaisir immense à me faire fouetter. 😉

Et vous, êtes-vous tenté∙e par le shibari ? Dites-nous tout en commentaires !